Du plan numérique pour le Québec.

J’ai choisi volontairement d’attendre quelques semaines avant de commettre un texte pour appuyer le Manifeste pour un plan numérique. Pas que j’aie des doutes, mais plutôt que je souhaite vivement qu’on aille rapidement au-delà du Manifeste, dans l’action, et que j’espère qu’on en parle bien au-delà de la semaine de sa publication (les réseaux sociaux ont la mémoire courte et l’impact bref).

Premier dossier: le tuyau.

J’entends beaucoup d’inepties de la part de différents groupes de pression, qui, prêchant pour leurs paroisses, choisissent de protéger leurs acquis plutôt que d’investir dans l’innovation. C’est un réflexe naturel (les dinosaures aussi étaient naturels).

Une constante dans tout ça, on vise ceux qui nous donnent l’impression de faire de l’argent. Cible commune: les Bell, Vidéotron, Rogers, Telus, et autres grands fournisseurs d’Internet (qu’il soit haute vitesse ou sans fil). On proteste contre la disparition des forfaits illimités, et on espère taxer ceux qui font de l’argent avec notre musique (dixit Luc Plamondon, arggg…).

Trois constats:

1) L’Internet illimité ça n’existe pas, outre dans l’esprit des gens de marketing. Il y a des coûts à mettre en place ces réseaux, il est normal qu’on les paye à l’utilisation. Ceux qui en abusent influencent la performance de tous les autres, et sur le prix également. Le prix augmente particulièrement lorsqu’il y a congestion.

Alors, oui à la tarification à l’utilisation, elle est inévitable, mais oui aussi à une baisse globale des prix pour les utilisateurs moyens. On doit favoriser l’accès par le plus grand nombre.

2) Il y a de grands dangers à vouloir faire payer des redevances aux fournisseurs d’accès Internet. En situation de quasi-monopole, tout économiste vous dira que cette redevance sera directement assumée par le consommateur, faisant augmenter un prix déjà parmi les plus élevés au monde.

De plus, c’est une taxation inéquitable, assumant que tous les utilisateurs sont des pirates. Je souscris beaucoup plus à la théorie de Karl Dubost (entendu au BookCamp de Montréal): le piratage est un signe d’une défaillance de l’offre, donnez nous les moyens de consommer la culture simplement et à juste prix et et nous payerons pour avec plaisir. Sinon, nationalisons les réseaux et assurons-nous que tout le monde a accès à la culture québécoise (ça revient pratiquement au même, on paye d’une façon ou de l’autre…).

3) J’ai toujours peur que les adeptes de la taxation fassent le saut vers le contrôle des contenus, ou même encore, que les fournisseurs, maintenant taxés pour le contenu qui circule sur leur fil, se sentent légitimés de le contrôler. Imaginez un instant que Vidéotron bloque à ces usagers le contenu de Sympatico, ou pire encore, que Bell remplace les annonces sur le site de Cyberpresse par les siennes… Déjà qu’ils jouent, sans le dire ouvertement, avec la vitesse et la priorité de certains contenus ou de certaines utilisations.

La neutralité du réseau doit être préservée à tout prix, elle doit faire partie des valeurs fondamentales des interventions du gouvernement. Surtout pas l’inverse, à moins de vouloir émuler la Chine.

N’oubliez pas que bientôt (demain, genre!), les médias «de masse» ne seront plus qu’un souvenir du passé. Vidéotron aura retiré toutes les chaînes télévisées de son câble, pour offrir plus de bande passante à l’Internet, même Bell aura choisi d’éliminer la voix de son réseau pour n’y faire passer des 0 et de 1. Qui serons-nous pour discriminer quels 0 et quels 1?

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